Jules Falquet n’est pas qu’universitaire, elle est aussi une lesbienne qui voyage beaucoup pour écouter et épauler les femmes de plusieurs continents. C’est de là qu’elle parle quand elle raconte et analyse l’économie mondialisée, les migrations, les conflits armés, les mouvements révolutionnaires, l’ONU ou les groupes féministes autonomes et institutionnels.
Sa pensée décolonisante bouscule ; par exemple quand elle interroge la manière dont l’émancipation (partielle) des femmes du nord se fait grâce l’exploitation des services domestiques fournis par les femmes des pays du sud sans qu’on s’en rende compte - par exemple pour la fabrication de plats cuisinés surgelés ou de bébés prêts à l’emploi- au lieu de passer par un réel partage des tâches hommes/femmes. Ou encore comment la relation de l’occident à ses « orients » est liée à « l’altérisation » de leurs contrats de genre : les hommes de couleurs traitent nécessairement « mal » les femmes de couleur selon les hommes blancs.
Délaissant l’idée que les hommes appauvris se « défouleraient » sur leurs femmes, elle dit que plus le rôle économique et politique des femmes devient important, plus les médias dominants tendent à imposer une image extrêmement réductrice des femmes, les présentent comme des êtres purement frivoles et sexuels.
La recrudescence de la violence contre les femmes n’est pas un dommage collatéral de la mondialisation capitaliste mais un de ses piliers.
Dans cette discussion qui a eu lieu a Marseille, comme dans les ouvrages qu’elle construit seule ou en collectifs, les gros concepts d’anti-capitalisme et anti-patriarcat ont des visages, des mains, des voix et des histoires.
Jules Falquet, De gré ou de force click droit "enregistrer la cible sous"